La fabrique du quotidien

Cadavre de la nuit
Lit défait
Les yeux en marmelade
Sur le fatras de nos vies
Empiler un jour de plus
Quelqu’un dit
J’en ai marre

Reprendre la vie où on l’avait laissé
Comme un fardeau trop lourd
Et le cul sur une chaise
Attendre
Homme ou femme c’est pareil

Pourtant chacun se croit différent
Meilleur que l’autre
Plus intelligent
Unique
Rose parmi les cactus
Ce n’est pas la fleur qui fait l’homme
Mais les épines
Nous piétinons dans la morosité

Condamnés au paradis
Nous vivons l’enfer
Nous l’exportons de proche en proche
Comme un trophée terrible
Nous sommes las
Comme un arbre sans fruit
C’est le destin dit-on
De perdre ses feuilles
De se couper les branches
De pourrir des racines et du tronc

Je suis si souvent fatigué
De vous
De moi
Je voudrais dormir
Définitivement
L’instinct me tient debout
Comme vous
Je ne suis pas trop cimetière
Et vous
Je me lève
Je casse ma chaise
Pour éviter la tentation du repli
Et je marche
Bravant le jour
De ce bonheur si simple d’être vivant
Haut dans le ciel
Du bleu

2016-01