Vous vous souvenez de la belle Marion ?
Non elle ne venait point de St-Hilarion ou de St-Pantaléon,
Digne princesse de notre lointaine Albion
Elle trônait en Reine et Maîtresse sur son canton.
Ah si vous savez comme elle faisait tourner des têtes
Sur son passage !
On l’avait surnommé « Miss Torticolis »
Tant elle semait à tous vents
Le tournis dans le cœur et le corps
De toutes ces jeunesses qui la courtisaient
Hélas sans succès !
Est-elle amoureuse la belle Marion ?
Et de qui Marion ?
-Oh laisse-moi deviner je t’en prie…
Du beau et grand Léon de Lyon ?
De Gaston, le fils du forgeron ?
De Raoul, le cadet du bedeau ?
Pas de Guillaume, ce vieux maquereau ?
-Non mon ami ! Tu n’y es pas du tout !
Tu erres de bout en bout !
Amoureuse, dis-tu ?
De qui Marion ?
-Dis-le-moi je t’en supplie !
J’en meurs d’envie !
Laisse-moi encore deviner !
Du vieux garçon Clément qui te fait des yeux doux ?
De Réjean si rigolo, fils aîné de monsieur Lehoux ?
Du gros Alphonse, jeune, veuf et obèse ?
Du jeune et timide Israël, rabbin du diocèse ?
-Non, non et non mon cher !
Tu ne trouveras point, ni aujourd’hui ni demain !
Amoureuse, dis-tu ?
De qui Marion ?
-Ne me le dis pas tout de suite ma chérie,
Donne-moi une dernière chance, je t’en supplie !
De Frédéric qui joue du piano et de la musique ?
De Franz, bel Allemand plein de fric ?
Du petit Zéphirin, grosse tête et prof à l’université ?
De Dominique, notre second voisin, jeune député ?
-Nenni ! Tu es toujours dans le champ !
Amoureuse, dis-tu ?
De qui Marion ?
-Dis-le-moi ma chérie,
J’en meurs d’envie !
-Je suis amoureuse du grand frère de Madelon
Ma seule amie et confidente.
-Et à quoi ressemble-t-il ce garçon ?
-Ah si tu le voyais !
Il est beau comme un cœur !
On dirait un preux chevalier tout droit sorti
De la cour d’Arthur et de sa Table Ronde.
C’est mon Ivanhoé et mon Lancelot !
C’est ce beau garçon qui met mon cœur en compote
Et mon corps tout en frissons !
-Ah bon ! Chanceuse es-tu ?
Et quel en son nom ? Dis-le-moi ?
-Cupidon !
(À ma nièce Marianne Poulin Veilleux)