Les yeux hagards, les pas errants
Elle marcha sous l'œil de la nuit sombre
Le long des côtes rougis de sang
Vagues de cris, appels en trombe
Déliant les nœuds de son cœur en sang
Une jeune maman hurla de tout son être
Sa voix s'égara comme s’égare le vent
Inondant l’espace de silence funèbre
Pris dans les filets de l’homme blanc
Tel un goémon arraché à sa roche
Secoué, frappé, ballonné fut son enfant
A la manière du misérable Gavroche
Embarqué sur le vaisseau des malheurs
Il fut acheminé vers un nébuleux monde
Loin de son soleil, sa savane, ses repères
Où il vécut sa négritude comme une honte
Cachant ses fréquentes frayeurs
Sous une couche de rêves impossibles
Sur les notes des cordes de son cœur
Il susurra ses maux à sa tribu invisible
Dans ses nuits jonchées de brouillard
Il tenta de remonter le chemin de sa vie
Assemblant le puzzle de ses rêves épars
Pour garder vivant son passé banni
La soumission de l’homme noir
Fut chaque jour au rendez-vous
Et tous les matins, et tous les soirs
Il pansa de pleurs les traces de ses coups
Ses minutes furent balisés d’affronts
Ses années marquées d'entraves
Jusqu’au jour où il se donna une raison
Pour s’affranchir de sa condition d’esclave !
Sa vie durant aux abords de l’île
La mère continua à errer
Attendant que se fasse le retour
D’un enfant parti à tout jamais
Poème publié et mis à jour le: 24 October 2022