Oh! qui m'aplanira ces formidables roches,
Qui de l'Etna fumant hérissent les approches.
Ces gouffres, soupiraux des gouffres de
Pluton,
Où mourut
Hmpédocle et que franchit
Platon !
Debout sur ces hauteurs, où l'homme en paix méprise
La foudre qui sous lui roule, gronde et se brise ;
D'où la
Sicile, au loin sur trois fronts s'étendant.
Oppose un triple écueil à l'abîme grondant ;
D'où l'œil embrasse enfin les sables de
Carthage,
La
Grèce et ses deux mers,
Rome et son héritage,
Je veux voir le
Soleil de sa couche sortir,
De sa brillante armure en héros se vêtir.
Et traînant les
Gémeaux à son char de victoire,
Monter sous le
Cancer au faîte de sa gloire.
Un dieu m'exauce; un dieu m'emporte vers
Enna!
Je vole, je parviens au sommet de l'Etna.
La nuit, en ce moment, dans les plis de ses voiles,
Se cache, et sur ses pas entraînant les étoiles.
Elle fuit devant l'aube au visage d'argent,
Qui ramène en ce mois un char plus diligent.
Tout à coup les forêts, naguère abîme informe,
Qu'enveloppait la nuit de sa robe uniforme,
Semblent, ainsi qu'au jour où naquit l'univers, Éclore, et s'ombrager de leurs panaches verts.
La scène s'agrandit ; la mer s'étend, s'allonge ;
Dans son immensité l'horizon se prolonge;
L'Orient va rouvrir son palais de vermeil.
Il l'ouvre, et tout armé s'élance le soleil.
Te voilà donc, guerrier, dont la valeur terrasse
Les monstres, qu'en son tour le zodiaque embrasse.
Infatigable
Hercule, enfant du roi des dieux,
Qui par douze travaux règnes au haut des cieux !
Te voilà!...
Qu'en ce jour, ô prince de l'année,
La terre, de ton œil partout environnée.
Adore de ton char le cours triomphateur.
Et pleine de tes dons chante ton bienfaiteur !
Oh ! tu méritais bien ce pur tribut d'hommages,
Que te paya longtemps la sagesse des mages,
Eux qui près de l'Hydaspe', en longs habits de lin.
Attendaient ton réveil, l'encensoir à la main.
Et saluant en chœur ta clarté paternelle,
Chantaient :
Gloire au
Très
Haut !
Sa course est éternelle.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012