Je viendrai quand tu connaîtras la pire angoisse,
Allongé, seul, dans la chambre assombrie,
La folle joie de la journée évanouie
Et l’heureux sourire banni
Des ténèbres glacées du soir.
Je viendrai quand le vrai sentiment de ton cœur
Régnera pleinement, sans rien pour le gauchir,
Et que mon influence, se glissant en toi,
Aggravant la désolation, gelant la joie,
Emportera ton âme.
Ecoute: voici l’heure, voici
Pour toi le moment redoutable ;
Ne sens-tu pas déferler sur ton âme
Un flot d’étranges sensations,
Signes avant-coureurs d’un plus rude pouvoir,
Hérauts de mon avènement?
Novembre 1837
Extrait de:
1963, Emily Bronte: Poèmes (1836 – 1846) (éditions Gallimard) Poème publié et mis à jour le: 31 July 2019