Je suis la
Journée,
Vous,
Amy, le
Jour,
Qui m'a destournée
Du fascheux séjour.
D'aymer la
Nuict certes je ne veulx point,
Pource qu'à vice elle vient toute appoint :
Mais à vous toute estre
Certes je veulx bien,
Pource qu'en vostre estre
Ne gist que tout bien.
Là où en ténèbres
On ne peult rien veoir
Que choses funèbres,
Qui font peur avoir,
On peult de nuict encor se resjouyr
De leurs amours faisant amantz jouyr :
Mais la jouyssance
De folle pitié
N'a point de puissance
Sur nostre amytié,
Veu qu'elle est fondée
En prospérité
Sur
Vertu sondée
De toute équité.
La nuict ne peult un meurtre déclarer,
Comme le jour, qui vient à esclairer
Ce que la nuict cache,
Faisant mille maulx,
Et ne veult qu'on sache
Ses tours fins, et caultz '.
La nuict la paresse
Nourrit, qui tant nuit :
Et le jour nous dresse
Au travail, qui duit.
O heureux jour, bien te doit estimer
Celle qu'ainsi as voulu allumer,
Prenant tousjours cure
Réduire à clarté
Ceulx que nuict obscure
Avoit escarté !
Ainsi esclairee
De si heureux jour,
Seray asseuree
De plaisant séjour.
Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012