Je parle de
Dieu — mais pourtant est-ce que j'y crois ? —
A cinq ans on me disait : tiens un croquant...
Va le manger avec
Marie
aux vêpres.
Sois bien sage et prie
le bon
Dieu, la vierge
Marie.
—
Puis c'était la procession
que la bonne et moi nous suivions,
et de belles fleurs en coton
dans des vases de loterie.
Les petites filles fleuries jetaient en l'air des fleurs jolies.
Je levais la tête pour voir le curé, le grand ostensoir qui luisait sur le reposoir.
Et on chantait : ô bonne vierge! Ô lis sans tache!
Fleur des berges! —
Et l'on voyait briller des cierges.
Et l'on jetait encor des fleurs,
et l'on chantait : prenez mon cœur,
notre
Dame des sept douleurs!
Le curé était magnifique
levant les bras pour les cantiques.
Et j'entendais dans ces cantiques :
tu-u-us... tu uus...
Ritus......uum
Us......tuus
Et l'on jetait encor des roses.
Les femmes pleuraient presque à cause
de ces si belles, belles choses.
Je voyais le petit
Jésus à
Noël, dans la crèche, nu.
L'âne regardait par-dessus.
Et maman disait : les rois mages portent la myrrhe, les images au petit
Jésus qui est sage.
Et je croyais que
Dieu était
un vieux tout blanc qui vous donnait
toujours ce qu'on lui demandait.
Ça m'est bien égal, ceux qui disent qu'il existe ou non — car l'église du village était douce et grise.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012