Poèmes

Je me Souviens d’une Station Wagon...

par Patrice Desbiens

Patrice Desbiens

Je me souviens d’une station wagon qui coupe la nuit
qui ouvre la nuit du nord comme un couteau de chasse
ouvre sa proie
Nous sommes tous là
ma mère ma sœur son mari et ses enfants tous
dans cette voiture c’est
Johnny B. Good Leblanc qui conduit son visage vaguement
éclairé par la lueur du tableau de bord
Je suis le seul des passagers qui ne dort pas tandis
qu’on continue avec un océan de vert meurtri de
chaque côté
Ma sœur dort sur le banc d’en avant
la noirceur qui rentre et sort de sa bouche ouverte
La nuit est longue et sans plis
La nuit est longue et sans plis
La nuit est longue et sans plis
La nuit est longue et sans Soudainement
quelque chose déchire le tissu quelque chose bouge
là et
le pare-brise devient un écran cinémascope les phares
de Twentieth Century Fox et Gulf Western éclairant
l’animal l’animal l’orignal en plein milieu du chemin
qui fige et
fixe son destin qui roule vers lui à 60 milles à
l’heure
Ses yeux ses yeux ses yeux ô dieu son regard jusqu’à
la dernière minute et le choc sourd-muet de fer contre
chair
Et ma sœur qui se réveille en criant un grand cri
fou et
final comme si l’âme de l’orignal avait passé dans
elle en
mourant et enfin
le silence
le silence de notre silence dans
le silence entre
Timmins et Toronto.



Poème publié et mis à jour le: 18 October 2022

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