À quoi bon incriminer la langue ?
Ce n'est qu'un ventilateur et la mousse qui pétille est le maître premier
Eau
nageuse débutante
n'es-tu pas lasse
lasse
de tant d'allées et venues
entre deux fleuves entremêlés
le fleuve de volupté
et celui de douleur ?
Quoi qu'il en soit
la soif prime
et c'est le chiffre
qui a attiré sur nous tout cela
Que ne suis-je aveugle !
Au moins
le pire deviendrait possible
en un clin d'ceil
et avant que les senteurs n'inaugurent
leur matin suivant
par les narines de la cendre
Avec des souffles variés
et sans programme
Renard
après renard
ils se sont dressés sur la pointe des pieds
et ont dit :
Écarte-toi de la porte
Puis ils se sont retirés des deux
du lieu
et du temps
Tous sont
Botticelli
Pour eux
la terre n'est rien d'autre qu'une gomme
Katmandou est une taverne, pas plus
Leur herbe sert à cautériser
Il n'est pas d'appel qui tombe
ou tombera à leurs pieds
sans qu'ils dessinent sur l'eau
le signe
X
Eux sont mes commensaux
Leurs éclairs sont aveugles
Ils n'empruntent jamais l'autoroute
Dans leurs tours
il n'est pas dit
que leurs plus belles femmes
ne soient que de verre froid
Ni eux ni moi
Je suis leur commensal
Une huppe parmi eux
Il n'y a pas de quoi pavoiser
Nous radotons
et les astronomes borgnes
suivent à la trace nos postillons
Qui dira le contraire ?
Notre loast
est peut-être le dixième
Nulle nouvelle en cette matinée
du chariot aveugle
et 'de la terre
Derrière l'eau
C'est comme si un ancien champion olympique
et non l'aurore
vendait pour un dirham symbolique
des pistaches dans la rue du crépuscule
Dorénavant
pas de pitié pour le raisin
et pas de natation
si ce n'est sur le dos
Mon
Dieu
hormis cette bouteille flottante
hormis ce corps
quel prétexte prendra l'eau
pour venir ?
Ceci n'est ni un berceau ni une tombe
Blanches sont les ombres
et la grappe que nous avons laissée
sous forme de manuscrit
avant de fermer les yeux
la voici
Feuilletez-la si vous voulez
A elle seule
c'est une grande bibliothèque
Plus de grillage entre nous
Plutôt un frisson
suivi dirait-on par des mains
qui se tendent vers nous
pour nous saluer
de l'intérieur des miroirs
Bientôt
quelle montgolfière légère
comme la terre
taraudera le ciel de cette feuille
alors que nous sommes à son bord
le menton sur les genoux
et que les regards que nous échangeons
sont telles des huîtres
les unes ouvertes
les autres non ?
Que manque-l-il aux morts ?
Que leur manque-t-il pour croire chaque fois qu'un mur même court comme la vie tremble devant eux que ce qui brille là ce ne sont pas les dents de la mer mais une occasion nouvelle
?
J'ai failli oublier
Depuis que le ronflement de ces gens s'est élevé
les décombres se sont amoncelés sous mes paupières
Où sommes-nous ?
Partons-nous sur la route du vin
ou en revenons-nous ?
Eurêka !
Là-bas, un lac
On dirait la plus ancienne boussole
que les morts aient fabriquée
On dirait l'âme
alors que le corps
est une taverne, de nuit
et une barque, de jour
O la dolce vita !
Ce n'est pas la mousse
qui pétille sur nos lèvres
mais d'autres personnes
avec dans les yeux des bateaux piégés
Elles ne battent pas des paupières
et chaque fois que nous relevons leurs cils
jusque derrière l'eau
elles lisent bien dans nos pensées
et disent :
Il nous suffit du vin !
Je me souviens maintenant :
J'étais aveugle et mes dessins tous étaient posés sur le verre
O navigateurs
Pourquoi l'herbe d'abord pourquoi ?
Et le déluge
comme n'importe quelle faute inattendue
a-t-il encore besoin
d'un nombre si considérable
de nos caresses ?
Moi
il n'y a rien de ce que l'eau me conseille
que je puisse oublier
Retour à la case départ
À travers les vitres
voici l'agora
Mon petit doigt saigne
Je suis un autre
et rien d'autre que la nuit
l'accordéon
et un flanc suant et séchant
au vu et au su de chacun de nous
et de la police des frontières
Là, à chaque goutte d'eau
il y a un océan
Même elle
même la fleur du logos
est dans une mauvaise passe
Elle si experte à faire bouger les objets
avec ses yeux
à l'état de veille
sur ces hauteurs
et en l'absence de toute solution de compromis
entre le miel et la cendre
Malheur à toi, cendre !
La cendre lot de douleur du cendrier
La cendre
A l'improviste
alors que les lèvres de la lumière
sont encore tenues tout au long
avec des pinces
sur une corde de potence
dont les extrémités sont la femme
et le vin
La cendre
Même quand nous aurons fini de tirer quelques accords d'une poignée aphone de tritons
La cendre
Engeance du feu de l'anarchie coureur qui laisse toujours ses pieds derrière lui
La cendre
La voici devant nous
Nos pas y ont imprimé
un soupir aveugle
et c'est la délicieuse insomnie
en son absence
La cendre
Elle a pour secret le miroir
et le vin pour adversaire
Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012