Poèmes

Invocation

par François Coppée

François Coppée

Enfant blonde aux doux yeux, ô rose de
Norvège,

Qu'un jour j'ai rencontrée aux bords du bleu
Léman,

Cygne pur émigré de ton climat de neige !

Je t'ai vue et je t'aime ainsi qu'en un roman,

Je t'aime et suis heureux comme si quelque fée

Venait de me toucher avec un talisman.

Quand tu parus, naïve et d'or vivant coiffée,

J'ai senti qu'un espoir sublime et surhumain

Soudain m'enveloppait de sa chaude bouffée.

Voyageur, je devais partir le lendemain ;

Mais tu m'as pris mon coeur sans pouvoir me le rendre,

Alors que pour l'adieu je t'ai touché la main.

A ce dernier bonheur j'étais loin de m'attendre,

Et je me croyais mort à toutes les amours ;

Mais j'ai vu ton regard spirituel et tendre,

Et tout m'a bien prouvé, dans les instants trop courts

Passés auprès de toi, blonde soeur d'Ophélie,

Que je pouvais aimer encore, et pour toujours.

Et je ne me dis pas que c'est une folie,

Que j'avais dix-sept ans le jour où tu naquis ;

Car le triste passé, je l'efface et l'oublie.

Et tu ne peux savoir à quel point c'est exquis !



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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