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par Yves de Bayser

la dernière fois la tempête revint
nous remontions le val vers l’autre val
regards désolés nous bourrions le vent de cailloux
la charge était parmi les plus belles des bêtes
les plus beaux des hommes et des arbres
quelqu’un certes nous faisait signe

on nous l’a pris tout cela
et pour la dernière fois nos pays les voilà
aussi plats aussi courbés que l’infini
il nous reste un mensonge ; lutter contre des pays secs
quelqu’un certes nous faisait signe

avions-nous agité des oiseaux et leurs ondes ?
chaque paysage avait sa fuite en pointe
son clos mystique ses raisonnables rives
ses couchants sur de jeunes villas ses auberges
quelqu’un certes nous faisait signe

un animal tournait en vain au fond de ses boyaux
le dernier désir de ses parages, noyade aux berges
pour la moisson privilégiée de l’eau,
à nous les échoueurs de nos saisons quelqu’un certes faisait
signe, un instant il pleura

n’être que des yeux, des yeux le peuvent-ils
fortune ? es-tu miroir es-tu soleil ?
les yeux ne désirent-ils pas leurs yeux ?
merci mes yeux d’être mes yeux, merci j’implore

étrange, en effet,
nous est vie dévorée, mes yeux,
poésie porte à la bouche des choses
les larmes animales, leurs rires, leurs discours

dans la lumière
étrange, en effet, est le mal d’amour
lumière sacrifie, silence appelle
vérité règne et ne peut rien pour nous

étrange, en effet, est terre sur terre,
étrange le sang et le don de parole
bouche d’amour et de faim
étrange la révélation de Vie en vie
moins étrange à la fin la parole inouïe



Poème publié et mis à jour le: 19 September 2021

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