Poèmes

Iambes, le Progres

par Auguste Barbier

À quoi servent, grand dieu! Les leçons de l' histoire

Pour l' avenir des citoyens,

Et tous les faits notés dans une page noire

Par la main des historiens,

Si les mêmes excès et les mêmes misères

Reparaissent dans tous les temps,

Et si de tous les temps les exemples des pères

Sont imités par leurs enfants?

Ô pauvres insensés! Qui, le front ceint de chêne

Devant l' univers enchanté,

Voilà six ans bientôt, entonnions d' une haleine

L' hymne brûlant de liberté!

Nous chantions tous en choeur, dans une sainte ivresse,

La vierge pure comme l' or,

Sans penser que plus tard l' immortelle déesse

Devait tant nous coûter encor.

Nous rêvions un ciel doux, un ciel exempt d' orages,

Un éternel et vaste azur,

Tandis que sur nos fronts s' amassaient les nuages:

L' avenir devenait obscur.

Et nous avons revu ce qu' avaient vu nos pères,

Le sang humain dans les ruisseaux,

Et l' angoisse des nuits glaçant le coeur des mères,

Quand le plomb battait les carreaux;

Le régicide infect aux vengeances infâmes

Et ses stupides attentats,

La baïonnette ardente entrant au sein des femmes,

Les enfants percés dans leurs bras:

Enfin les vieux forfaits d' une époque cruelle

Se sont tous relevés, hélas!

Pour nous faire douter qu' en sa marche éternelle

Le monde ait avancé d' un pas.



Poème publié et mis à jour le: 13 November 2012

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