Poèmes

Hors d'usage

par Marcel Faure

Hors d'usage
Les mains gercées des mères
Vaisselles et compagnie

Hors d'usage
Les jambes vergeturées
D'enfants et de cuisines

Hors d'usage
Les yeux si souvent récurés
De pleurs et de javel

La couche épaisse des saisons
Les nuits qui heurtent le sommeil
À coups de réveille-matins
Les heures à somnoler dans les bus ou le métro
Et les hommes qui passent
Sans un regard

Des kilomètres et des kilomètres de patience
Surface lisse du visage
Impersonnelle
Et ce lot de moutards à élever

Hors d'usage
On étire ses bras à les casser
Pour se délasser
Mais le nœud reste là
Dans la poitrine

On érige sa montagne de conventions
Ce qu'il faut faire
Ne pas faire
On fait bonne figure
On voit déjà le corbillard

Hors d'usage
Tendu prêt à se rompre
Et soudain sur le parapet d'un pont
Une main se tend
Un sourire vous rattrape
Quelqu'un déverse dans votre vie
Son trop plein de soleil
Le paysage s'éclaire
La route s'allonge
Les enfants sont tirés d'affaire
On croyait sauter sans élastique
Mais l'élastique était bien là
Alors on rebondit
Pour quelques années de plus

Celui qui vous regarde vous ravale
Bien mieux qu'un esthéticien

2016-09

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