Poèmes

Fins Dernières

par Marie Nizet

C’est fête aujourd’hui, mon amour,

Je viens frapper à votre porte.

Notre bonheur est de retour :

Vous êtes mort et je suis morte.

Faites-moi, dans ce lit sans draps,

Une place, que je me couche

Entre ce qui fut vos deux bras,

Près de ce qui fut votre bouche.

Nous allons à deux nous plonger

Dans le
Grand
Tout qui nous réclame

Nos corps vont se désagréger

Pour un effroyable amalgame.

Notre chair, lambeau par lambeau,

Va se dissoudre en pourriture,

Reprise, à travers le tombeau,

Par le creuset de la nature ;

Nos os, par un beau soir d’été,

Tomberont les uns sur les autres...

Ne plus savoir — ô volupté ! —

Quels sont les miens, quels sont les vôtres !

À leur tour ils s’effriteront

En une impalpable poussière

Et tels, enfin, ils monteront

Dans un infini de lumière.

Nos atomes purifiés,

Emportés par le vent qui passe,

Comme en des vols extasiés,

S’éparpilleront dans l’espace.

Et sous les évolutions

D’éternelles métamorphoses

Nous danserons dans les rayons

Où nous ferons fleurir les roses.



Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012

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