Vas-y poète,
Murmure à l’oreille des étoiles !
Les belles handicapées n’entendront rien !
Sourdes depuis trop longtemps.
Et puis avec la distance,
Trop de grésillements.
Tu pourrais essayer avec le lac,
Ou la pierre,
Prendre à témoin ce qui t’émeut,
Fut-il inanimé.
Futile tout cela,
Comme ta douleur de pacotille.
Moi j’ai faim !
Je n’ai pas les mots pour cracher ma colère.
Alors je crache par terre,
Sur le trottoir,
Là où je dormirai ce soir.
Peut-être ;
Si je suis toujours vivant.
J’ai tellement faim.
Je mangerais bien une baleine
Même si c’était la dernière
Ou un loup
Pour que des dents me poussent.
Les nuits sans lune,
Les autres aussi,
J’irai chasser l’enfant
Dans les quartiers bourgeois.
Niaiseries, poète !
Niaiseries !
Tes vers ne sont que niaiseries.
Parle-moi de mes pieds qui saignent,
Des poux de mes cheveux,
De tout mon corps qui pue,
De moi presque charogne
Et de ton regard quand tu passes.
Fais-moi rêver aussi.
Avec un bol de soupe,
Une douche et un toit.
Je n’ai pas les mots comme toi.
Je suis un lombric,
Un vers de terre je crois.
Un ventre qui espère.
Et toi tu laboures
Dans le champ d’à côté.
Allez poète prends ton couteau.
Pluche les pommes de terre,
Avec quelques poireaux.
Fais chauffer la marmite.
Ton stylo attendra.
2015-12