Je suis d’un pays de brume
Où le vent soliloque
Sur des landes engourdies
Un squelette de soleil
Arrimé dans les flaques
Revêt parfois nos rêves
Et un semblant de printemps
(j’ai vécu d’interminables nuits d’hiver
en compagnie d’un feu de brindilles)
et je me plais si bien
sur cette terre malmenée
― terre dérobée à la lumière,
terre enclose dans son silence ―
où mon chien énumère
les plongeons de sarcelles.
Elle est venue un jour,
Halant une lune vermeille
Et tenant dans la main un soleil lactescent.
« Viens, dit-elle,
chez nous le feu est perpétuel. »
Depuis lors
(un jour mon petit chien partit
hiberner sous les souches),
la pluie redoubla sur mon âtre.
Mais jamais elle ne put m’empêcher de rêver
Aux dunes déliées
Sous la ferveur du vent nomade.
Je viendrai un jour m’accouder à la seghia
Où boivent les chamelles ;
Je viendrai chercher l’ahal*
La douceur de ton ilechan**.
[*ahal : cours d’amour chez les Touaregs.
** ilechan : voile noir des femmes touareg]
Poème publié et mis à jour le: 16 November 2012