Poèmes

Épitaphe

par Guy Rancourt

"Mes chers amis, quand je mourrai,
Plantez un saule au cimetière.
J'aime son feuillage éploré ;
La pâleur m'en est douce et chère,
Et son ombre sera légère
À la terre où je dormirai."
(Alfred de Musset)

-Ah Poète, je t’entends à peine.
Ta voix est brisée et faiblarde.
Quelques vocables sortent de ta bouche,
poussières de sons
enterrées par le concert des grenouilles et rainettes.
Je le sens, ta fin est proche.
Quelles sont tes dernières volontés ?

-Si peu mon cher fidèle et unique ami.
Je désire que mes cendres soient enfuies
au pied du grand marronnier
près du jardin
où fleurissaient mes quelques rares fleurs :
crocus, perce-neige, jacinthes et pivoines.
J’y dormirai d’un long sommeil
aussi long que toute l’éternité
le long des champs d’avoine et d’orge
de notre voisin agriculteur.
Puis me berceront comme mille berceuses
le doux chant du chardonneret et du goglu,
ou encore le craquettement des cigales
et la stridulation des grillons.

-Planterai-je une croix
ou dresserai une pierre tombale sous ce marronnier ?
Et que graverai-je sur l’écriteau au-dessus de tes cendres ?

-Peu de choses !

-Quoi donc ?

-« Guy Rancourt, poète et rêveur »
avec cette courte pensée :
« Seuls l’art et l’amour transcendent la mort. »

-C’est tout ?

-Oui, car mes amis le soleil, le vent, la pluie et la neige
me tiendront compagnie ad vitam aeternam.
Amen !

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