Poèmes

Épitaphe de Pérrine

par Jean Auvray

Sonnet.

Ici gît qui chevauchait dès ses plus tendres ans,
Qui fut par un incube (*) au berceau chevauchée,
Qui, petite, déjà d'un sale feu touchée,
Se faisait chevaucher par les petits enfants.

Grande, chevaucha tant les petits et les grands,
Que toujours à l'envers on la trouvait couchée ;
Enfin, vieille, mourut haridelle (*) écorchée,
D'avoir tant chevauché aux villes et aux champs.

Bref, cette grande jument que les aréopages,
Les soldats, les bêcheurs, les laquais et les pages,
Mirent jadis au trot, au galop et au pas,

Tourna si dextrement (*) ou à droite, ou à gauche,
Et fit si bien après son infâme trépas,
Qu'encore dans l'enfer un démon la chevauche.

* Incube : Démon sexuel.
* Haridelle : Cheval maigre, en mauvaise santé.
* Dextrement : Avec dextérité.

Extrait de: 
Le banquet des muses (1623)



Poème publié et mis à jour le: 13 July 2017

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