Il pèse sur tes épaules, il brûle ton cœur,
Il met des trésors d’angoisse dans les jours joyeux,
Il te marque pour toi-même, sceau mystérieux, —
Il te marque pour toi seule ; yapas d’âme sœur.
Il peut enivrer ta vie, sauvage bonheur ;
Il t’éblouit, il t’emporte, il ferme tes yeux,
Il te réveille, il te crée, t’emmène loin d’Eux
Et t’offre dans un silence l’éternelle fleur.
Le Meilleur Monde ImPossible (Leibnitz s’est trompé,)
Trop sincère, trop splendide pour une Entité,
Qui ne sera qu’en ton âme, ou ne sera pas.
— « Tout un Monde est lourde chose », songe Atlas-Psyché ; —
Mieux vaut nous saigner ensemble d’un p’tit coutelas...
Il n’a été qu’en ton âme, mais n’a pas été.
Le soleil s’endort sur des plaines infinies
Là-bas, où nul ne le verra.
Il attire les arbres, les herbes des prairies...
Mais des sauvages mélodies
Par le vent unies, désunies,
Nul ne sourira —
(C’est au Kamtchatka) —
Nul ne s’enivrera.
La lune pâlit une chambre tabac d’Espagne
Ici, où seule est à la boire
L’enfant au pagne.
Lointaine lune ! Mystique champagne !
Un cœur fou de vie t’accompagne...
Qui le prendra ? Qui veut y croire?
Éros ne lui peut faire accroire —,
— Dieu est à la campagne.
Est-il possible, ô chères vérités cachées,
Qu’une à une évanouies
(Ciels fugitifs ; fleurs seules ; regards ; désirs ; pensées ;)
Vous mouriez impitoyablement emportées,
— Sans retour, puisqu’en nulle âme reflétées, —
Ne laissant traces vive ou pâlies?...
... Possible, qu’il soit des harmonies
Sans écho, à jamais enfuies?
Poème publié et mis à jour le: 13 August 2019