Poèmes

Éloignement

par Marcel Sauvage

La nuit craque, éclate.
Déjà cicatrisée, la nuit.
Mais lui
Sa tête ouverte, son front qui baille
Et ses hoquets.

Il nous fallait
Courir, marcher encore, aller jusqu’au bout.
La boue glissait entre nos pieds.
Les longs et froids serpents de la boue
Entre nos pieds.

Je suis revenu quatre fois.
Il n’était pas mort. Il respirait
Gémissait comme un enfant
Vomissait du cerveau sur le guéret.
A tâtons, j’ai pris ses papiers collés de sang.

Quand je me suis penché la dernière fois
Sur sa tête éventrée
C’était la mer, il m’a semblé
La mer obscure que j’entendais
Qui se plaignait, douce et lointaine

Comme éternelle au fond des coquilles désertes.

Extrait de: 
1919, Quelques Choses



Poème publié et mis à jour le: 21 November 2022

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