Poèmes

Élan - Théâtre

par Alain Jouffroy

lancé dans le tumulte des pare-chocs

tout appel ramassé en moi

le même perpétuel délire traverse

ma tête

boit ma vitesse

gouffre hanté par la terre

touche sans trembler la violence

des volcans

hors-bord bousculé

phosphore des dents en avant

jeune épée dégainée

la rue s'illumine rieuse

au centre bouclé du barrage

tendre nuit cravachée

l'espoir tiraillé sur le chaos du pont

le ciel passe et fait mouche

cœur vibratile de l'émeute

l'espoir souffre

terrassé sous le ciel diluvien

brèche à vif

le corps éclate comme une balle

atoll volatilisé

entre deux chemins de jungle

entre ma ville barricadée

et le plateau auréolé d'éclats légers

entre ma file de chiens et le monstre convoité

entre le toit plombé sur l'aube

et l'étoile dardée

entre mon dos massif et l'âme martelée

entre la pelle de plomb et la pente boueuse de la planète

je maintiens l'interstice de jour

nul soldat ne me tient par le bras

je suis nommé par le dernier bolide

je m'appelle trouée aux abois

sur ses bases de braise

l'époque irrite et tenaille mon sang

bancale

elle bascule mon éveil

à travers ma gorge

tenue à la pointe de mes nerfs

la présence où s'enfonce mon visage

souffletée

plie sous l'acier de l'orage

quelle aube sort de mes cils

— et flotte

cible effarée

quelle aube ose me regarder

moi

mes trente cannibales mes wagonnets de poudre et ma digue ?

une intolérable lenteur

accueille ce soleil inaudible et sans poids



Poème publié et mis à jour le: 13 November 2012

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