Je ne suis pas mort; je suis seulement devenu inhumain,
C’est-à-dire
Que je me suis dépouillé des orgueils et des faiblesses risibles,
Non point comme un homme
Se déshabille pour se glisser au lit, mais comme un athlète
Avant la course.
Le délicat écheveau de nerfs par quoi je mesurais,
Certaines conventions
Appelées le bien et le mal, qui me contractait de douleur
Et me dilatait de joie,
Méticuleusement réglé comme un petit électroscope:
Tout cela est fini, il est vrai.
(Il ne me manque jamais, et s’il manque à l’univers,
il est si facile de le remplacer !)
Mais tout le reste en est agrandi, rehaussé, libéré.
J’admirais la beauté.
Quand j’étais humain; à présent je fais partie de la beauté.
J’erre dans l’air,
Gaz et eau pour une grande part, et je flotte sur l’océan;
Je vous touche et je touche l’Asie
Au même instant; j’ai ma main sur les aubes
Et les lueurs de ce gazon.
J’ai laissé le léger précipité des cendres à la terre
En gage d’amour.
Poème publié et mis à jour le: 11 August 2019