Poèmes

Dix Jours de Lit

par Alexandre Toursky

La maladie installe de surprenants décors.
Elle sait qu'il importe d'abord de méduser.

Pour ce faire, elle change volumes et couleurs, donne à tout un visage fermé.
Ce caractère d'étrangeté la nomme dans ce que l'habitude retrouvait chaque jour.

La perte d'un objet peut souvent l'annoncer.

De simples maladresses, — un verre qu'on renverse, des mots que l'on oublie — préparent le terrain.

Le mal ne s'aventure jamais dans une chambre

dont les meubles respectent leur juste emplacement.
En certains cas bénins, la symétrie peut être puissamment préventive !

Remis droit, un tableau importune la fièvre.

Les bruits n'entrent en scène qu'au milieu du désordre.
A son aise, le sang cogne dans les cloisons,

clouant ses projecteurs,

ceinturant d'angles vifs,

d'échos, d'éclairs, d'échardes,

le désarroi du corps :

C'est trop tard !
Les symptômes

quittent le dictionnaire

et deviennent de chair.

La réalité saute

le mur des mots.
On souffre.



Poème publié et mis à jour le: 13 November 2012

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