Ah ! si j’étais une coccinelle
je me ferais un petit lit entre tes orteils
Ah ! si j’étais une araignée
je tisserais ma toile entre tes cils
Ah ! si j’étais une fougère
je cacherais ta toison des regards vicieux et pervers
Ah ! si j’étais une chenille
j’escaladerais ta cheville, ton mollet et ton genou
Mais je suis rivé à ma chaise roulante
prisonnier dans mes chairs
esclave de tout et de rien
Ah ! si je pouvais encore marcher
j’irais frapper à ta porte
Ah ! si je pouvais encore danser
je t’inviterais au bal
Ah ! si je pouvais encore parler
je te réciterais des vers
Ah ! si je pouvais encore bouger
je te serrerais dans mes bras
Mais je suis un grabataire
un handicapé
un paralytique
Et pourtant, l’an dernier
j’étais ce jeune homme fringant et en bonne santé
suspendu sur le balcon au-dessus de ton loft
Je te voyais prendre un bain de soleil
ton corps bien huilé et nu narguant l’astre du jour
m’invitant à étirer un peu plus le cou
Puis…
Oups ! Pardiou !
Le pied me glisse et je dégringole de mon perchoir
Non
toi tu n’as rien vu
ni rien entendu
Tes yeux étaient masqués de verres fumés
Tes oreilles camouflées dans des écouteurs
Les chansons de Katie Melua t’emmenaient loin, si loin
Et moi
si près de toi
dans ma chute
Ah ! si j’avais été une libellule
je me serais posé sur tes lunes
Ah ! si j’avais été une abeille
j’aurais butiné tes tétines
Ah ! si j’avais été une tourterelle
je me serais blotti entre tes seins
Ah ! si j’avais été un ange
je me serais logé au creux de ton âme
Mais je suis cloué au fauteuil roulant
prisonnier de mes rêves
esclave de tous mes désirs et fantasmes