Tu as aminci ta douleur.
En garçon, sur la frontière, tu l’as placée comme une piastre sous les roues d’un train
et une fille que tu aimais l’a portée en collier dans les champs.
Des trafiquants t’ont enseigné à doucement la marteler
dans la nuit avec les maillets des voleurs
et cacher aux autres les empreintes de tes doigts.
Tu l’as effilée par le silence et par les longues marches
jusqu’à ce qu’elle soit transparente et dure
comme un ongle coupé disparu dans le tapis du temps.
Et quand tu l’as retrouvée
elle était devenue lune affamée par l’amour.
Au ciel de ton âme tu la suspendis
et veillas la nuit en solitaire attendant l’appel pour le jour de fête.
Poème publié et mis à jour le: 20 November 2022