Poèmes

Colline

par Jim Harrison

Pour la première fois
dans le lointain
il vit son crépuscule
envelopper la verte colline
où naissent trois rivières,
puis glisser vers lui
à travers les arbres jusqu'à atteindre
le marais aux myrtilles et s'arrêter,
en lui disant de s'en aller, pas maintenant,
pas pour l'instant.

Un jour un héron gravit
notre escalier et regarda
par la vitre de la porte.
Était-ce un héron ainsi
qu'autre chose ?

Il y a cinquante ans dans notre froide maison du Nord
assiégée de neige Carlos Montoya apportait le soleil.
Quand je suis enfin allé à Séville et Grenade, cette froide
maison entrait parfois dans ma chambre d'hôtel,
un flash de tas de neige parmi les orangers.

En mes derniers instants je chanterai une absurde
mélodie de réconciliation en sachant
que la musique est née avant les mots.
Je ne suis qu'un peintre à Lascaux :
j'ai vendu mon destin contre une petite pièce
qui m'a payé le monde que j'ai visité au crépuscule.

Même la langue fendue en deux, je chanterai.
Ce matin à l'hôpital j'ai appris que je serai
une nurse éternellement, ou plutôt le temps que
dure l'éternité. J'observe les oiseaux, qui m'accordent
l'espace provisoire du vol.

Extrait de: 
2018 - Une heure de jour en moins, poèmes choisis 1965-2010, traduit de l'anglais par Brice Matthieussent, J'ai Lu Editeur



Poème publié et mis à jour le: 16 April 2021

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