Entre la gare et les boulevards
les cinémas brillent.
Il fait du brouillard
mes yeux gobent la lumière crue
les autos éclaboussent les affiches.
La voilà.
Tu as bien fait de venir.
Je réclame son bras
où aller?
Voici bientôt trois mois que dure notre amour,
c'est dans un cinéma que je l'ai rencontrée,
Ses yeux couleur de film avaient un regard triste,
pâle petite luciole que l'écran attira,
la luciole d'or, la pensée du poète.
Elle frissonnait sous les bouffées de l'orchestre.
L'ombre comme une écharpe enveloppait ses épaules
Quand le film s'éteignit dans un flot de lumière,
mon rire de poète lui a sauté au cou.
Où aller?
C'est facile à dire.
Les maisons nous cachent l'horizon,
il n'y a plus de place pour nous,
on ne délivre plus de fauteuils.
Regarde le monde derrière les vitres embuées ils ont l'air d'être dans une salle d'attente.
Par bonheur, notre amour se contente de peu.
Tu as froid? mets ta main dans ma poche, si tu veux.
Voici bientôt trois mois que dure notre amour
et tous les cinémas sont remplis à craquer
et nous ne verrons pas
Chariot, mon pauvre amour,
Chariot, le seul homme digne d'être pris au sérieux.
Comme tu as les paumes moites
Tu es pâle comme si tu allais vomir
Méchant? moi?
Tu emploies toujours des termes inexacts.
Quand on pense qu'on ne s'aime plus
on s'aime encore plus qu'on ne pense.
Je vais te raconter une histoire.
J'ai un ami qui en embrassant sa bonne amie
s'est enfoncé son épingle de cravate dans le cœur.
Cela te fait rire
Voici bientôt trois mois que dure notre amour
Tu juges que ce jeu chiffonne trop tes jupes
Je te comprends, mais que veux-tu, pauvre petite, nous avons gaspillé nos cœurs en vains baisers sans leur donner le prix qu'il fallait leur donner.
Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012