te souviens-tu quand
ce soir-là, sur les quais du canal des canoës,
l'air tiédissait et la lune, de sa teinte candide
fut pourtant une ardente traîne avide
qui me révéla ta présence, cher Orphée ?
te souviens-tu quand
nous étions, chacun à l'autre bout du monde
le soleil finissait sa léthargie nubienne
chez moi, quand, chez toi, après sa ronde,
ses bras retrouvaient sa couche ovidienne ?
je soupçonnais ton esprit espiègle
de choisir exprès cette heure à laquelle
la poésie tricotait ses bords et ses angles
de part et d'autre des océans. son aquarelle
dans notre vie, te souviens-tu déjà quand ?
nous désaimer reviendrait à renier la beauté
d'une histoire ciselée selon un plan...
Cher Orphée
par Ameyi Essi