Toi, qui voulus en vain soulager ces douleurs,
Verse, grave
Quaker, ta prière et tes pleurs
I
Kitty
Bell a souffert et
Kitty
Bell est morte
Elle était femme et faible, et pour son pauvre corps,
L'amour était trop vif, son âme était trop forte ;
Mais chaste,
Kitty
Bell a fini sans remords !
A ses enfants aimés abandonnant sa vie,
N'ayant que leurs chansons pour chants de troubadour,
A l'amour maternel elle bornait l'amour ;
D'autres pensers jamais elle ne fut suivie !
Toi, qui voulus en vain soulager ces douleurs,
Verse, grave
Quaker, ta prière et tes pleurs !
Mère, elle fut amante ; à l'amour maternelle,
Qu'elle para ' alors de brûlantes couleurs,
Elle unit l'autre amour, comme une seconde aile,
Mais pour voler, hélas ! vers le champ des douleurs !
Chatterton était pauvre, et sa tête affamée
Se teignait du reflet du feu sacré, divin,
Dont l'éclat passager s'éteint le lendemain,
Mais qui donne à l'amour son essence enflammée ;
Toi, qui voulus en vain soulager ces douleurs,
Verse, grave
Quaker, ta prière et tes pleurs !
Il était jeune encor ! mais les promptes années
Au matin triste, au jour d'ennui, de désespoir,
Pour lui se mesuraient au nombre des pensées,
Accablantes au cœur, qui n'avaient pas de soir !
Son vers, grave et profond, travaillait en sa tête
Pour lui donner le pain, gagné par sa sueur !
Il aima
Kitty
Bell ! par la mort, en son cœur
Il éteignit l'amour et l'âme du poète !
Toi, qui voulus en vain soulager ces douleurs,
Verse, grave
Quaker, ta prière et tes pleurs !
Chatterton !
Kitty
Bell !
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Avait frappé vos cœurs de ces brûlants amours !
La mort les a faits purs !
Elle s'en est saisie !
Ce que saisit la mort est fini pour toujours !
Ils s'aimèrent tous deux sans jamais s'en instruire,
Ils souffraient en silence, ils souffraient sans remords !
Un seul instant tous deux, ils purent se le dire !...
Doux moment... ! mais ce fut le moment de la mort !
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012