Poèmes

Chant Iv

par Pierre Honoré Robbé de Beauveset

Tous mes héros ne sont pas de grand nom ' ;
On n'y voit pas
Ulysse,
Agamemnon,
L'impie
Ajax, ni le colère
Achille,
Qui suspendit les destins de la ville.
Ce ne seront que des bourgeois soldats

Qui des tyrans qui nous gouvernaient las,
Et dévorés du pur patriotisme,
Ont su contre eux élever ce grand schisme
Que des enfants, de leurs frondes armés,
Comme
David en héros transformés,
Et des faubourgs ces athlètes sublimes,
Qui de leur nom ennobliront mes rimes.

Près de la forge où nos rois par
Vulcain
Font excaver leurs longs tubes d'airain2,
Et de charbon, de soufre et de salpêtre.
Font composer leur foudre prête à naître,
Quand, les traités n'étant plus de saison,
Ils puisent là leur dernière raison,
S'élève un fort dont les tours fulminantes.
Offrent de loin leurs crêtes dominantes,
De leur mortier sur les remparts placé,
L'heureux
Paris sans cesse est menacé ;
C'est là le glaive appendant sur la tête
De
Damoclès qu'un roi le tyran fête.
Autant aux deux ses murs sont exhaussés,
Autant aussi sont profonds ses fossés.
Le despotisme est assis sur la cime,
Attendant là sa nouvelle victime.
Autour de lui sont des carcans, des fers,
Des coins, de mort les insttuments divers.
Le désespoir, la rage qui transporte
Les malheureux sont sa fidèle escorte.
Ces antres noirs, ces gouffres renforcés,
C'est la
Bastille; à ce nom frémissez.



Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012

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