sont les sombres semaines sans espoir
où la nature en sa nudité
égale la sottise de l’homme.
L’année plonge dans la nuit
et le cœur plonge
plus bas que la nuit
dans un vide balayé par les vents,
sans soleil, sans étoiles, sans lune,
mais une lumière étrange — on dirait celle d’une pensée —
allume un sombre feu,
pivote pour s’allumer enfin dans le froid,
puis expliquer à l’homme
ce qu’il ne connaît pas,
ni la solitude — pas de fantôme
qui ne cherche l’étreinte —
ni le vide,
ni le désespoir (tous deux gémissent,
tous deux sifflent)
parmi les éclairs et les bruits de la guerre ;
les maisons aux chambres
dont le froid consterne l’esprit,
les êtres aimés mais disparus,
les lits qui sont vides, les divans
humides, les chaises vacantes…
Qu’on les cache,
loin de l’esprit, qu’on les laisse
prendre racine et grandir, à l’abri
des yeux et des oreilles jaloux — seuls, tout seuls,
Tous, tous viennent creuser cette mine.
Est-ce la souche d’un chèque tiré
sur la musique la plus douce? La source de poésie
qui, voyant l’horloge arrêtée, dit :
« L’horloge s’est-elle arrêtée,
qui hier encore marchait si bien? »
Puis elle écoute l’eau qui jaillit
du lac — déjà devenu pierre.
Poème publié et mis à jour le: 11 August 2019