Qu'importe si le vent souffle quand ta main sème,
Et disperse le grain dans l'air ?
Qu'importe si l'angoisse a fait sur ton front blême
Passer sa lourde main de fer ?
Qu'importe si parfois tu pleures sur la vie,
Si ton coeur manque d'air dans sa froide prison ?
Si ton nom est en butte à la haine et l'envie,
Si l'arbre a passé floraison ?
Les larmes sont la divine rosée
Qui rend jeune et fécond l'immobile désert.
Le parfum se répand d'une plante brisée.
Sous le flot en fureur la perle est déposée :
Pour venir en repos il faut avoir souffert.
Il faut avoir tendu, pâle, ses mains tremblantes
En appelant tout bas le rêve tant aimé,
Il faut avoir baigné dans des larmes brûlantes
Son cœur qui rajeunit plus tendre et parfumé ;
Il faut avoir subi des angoisses sans nombre,
S'être senti broyer sous la main du malheur ;
Comme il faut au couchant la nue épaisse et sombre
Que le soleil colore et revêt de splendeur.
Tiens-toi toujours tourné du côté de l'aurore :
C'est de là que nous vient l'espérance et l'amour.
Vois-tu comme déjà l'horizon se colore ?
Il n'est de longue nuit que ne suive le jour.
Il n'est si dure peine ici-bas qu'on ne puisse
S'en dépouiller un jour ainsi que d'un manteau.
Pour l'homme la douleur est un sillon propice ;
La mort continuera l'oeuvre germinatrice,
Et tu verras plus tard fleurir le sacrifice
De l'autre côté du tombeau.
Et riche de tes pleurs, plus fort de ta souffrance,
Pour le dernier sommeil tu pourras t'endormir ;
Tu fermeras les yeux pour mieux voir l'espérance,
Et cesser de mourir.
***
Toute chose a son terme ;
Tout meurt, mais non pas sans retour.
Et la fleur qui tombe renferme
La graine qui se brise et germe
Pour refleurir un jour.
Tout se courbe et se penche,
Mais pour se relever.
Un souffle redresse la branche ;
Un jour ton âme libre et blanche
Elle aussi pourra s'envoler.
Poème publié et mis à jour le: 04 December 2022