Poèmes

A une Dame

par Mellin Saint-Gelais

Au temps heureux que ma jeune ignorance
Receut l'enfant qui des dieux est le maistre,
Vous, congnoissant qu'il ne faisoit que naistre,
Voulustes bien le nourrir d'esperance.
Mais puis que vous et sa perseverance
L'avez faict grand plus qu'aultre oncq ne peult estre,
En lieu d'espoir vous le laissez repaistre
Seul à part luy de mon mal et souffrance.
Ne pour essay que je face, ou effort,
Possible m'est l'oster de sa demeure,
Car plus que moy il est devenu fort.
Maulgré moy donc il fault qu'il demeure,
Mais maulgré luy aussi ay ce confort,
Qu'il sortira au moins mais que je meure.



Poème publié et mis à jour le: 16 November 2012

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