Et vous m'avez guéri de ce terrible mal
Qui menaçait mes jours à leur adolescence
En rejetant sur moi le poids de sa vengeance
Quand j'espérais jouir d'un bonheur sans égal
Que de rêves conçus abondants et mystiques
Durant les jours maudits de mon oisiveté
Je vous voyais, marchant, d'un pas précipité
Entraîner avec vous des êtres symboliques
Vous alliez dans la nuit chargé de mille engins
Des lames de couteaux reflétant les lumières
Du linge, des tuyaux, des flacons, des clystères
Et vous veniez à moi suivi de carabins
J'avais peur, je tremblais et votre voix méchante
Augmentant ma torpeur agitait mon sommeil
Et le rêve effacé, ma colère en éveil
Gardait à votre égard une bonté méfiante
Quand j'ai cherché en vous l'ami consolateur
Je me heurtai toujours à votre insouciance
Par vous j'ai condamné l'oeuvre de la science
Insensible ennemi des faiblesses de coeur
J'osai vous accuser de charlatan, d'infâme
De médecin du diable et d'homme sans talent
Mais vous êtes grandi à mes yeux, maintenant
Que la Mort par vos soins a dédaigné mon âme
J'ai su que le trépas avait compté mes jours
Et que j'avais un pied avancé vers l'abîme
Si j'ai douté de vous pardonnez ! La victime
Tremble encor du bourreau à l'heure du secours
Je suis sauvé Docteur et je vous remercie
De votre dévouement éprouvé à l'excès
Merci, merci, je dois à votre grand succès
L'espoir de l'avenir, le bonheur et la vie.
4 avril 1907
Poème publié et mis à jour le: 14 February 2023