Poèmes

A la Muse

par Théodore de Banville

Je n'ai pas renié la
Lyre.
Je puis boire

Encor dans la fontaine à la profondeur noire,

Où le
Rhythme soupire avec les flots divins.

O déesse, j'étais un enfant quand tu vins

Pour la première fois baiser ma chevelure.

J'étais comme un avril en fleur.
Nulle souillure

Ne tachait la fierté de mon cœur ingénu.

Plus de vingt ans se sont passés : mon front est nu.

Nous nous en souvenons ! en ce temps-là, déesse,
Vingt autres comme moi, beaux, forts de leur jeunesse,
Musiciens aux fronts pensifs, que décoraient
Aussi de longs cheveux d'or éclatant, juraient
De t'adorer, jaloux, jusqu'à leur dernière heure,
Et de rester toujours dans la haute demeure
Que tes yeux azurés emplissent de clarté.

Les autres sont partis,
Muse.
Je suis resté.



Poème publié et mis à jour le: 16 November 2012

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